Confronté à un manque de rentabilité, Groupe E annonce une importante restructuration. Au total, 188 emplois devraient être supprimés ces prochains mois en Suisse romande, dont 73 dans le canton de Fribourg.
Thibaud Guisan Et ATS
16 avril 2025 à 20:04
Temps de lecture : 3 min
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Groupe E annonce une importante restructuration. Dans un communiqué, l’énergéticien dit être confronté «à un manque de rentabilité sur les très grands chantiers et à une nette baisse des ventes de pompes à chaleur et du photovoltaïque». Conséquence: il prévoit de se séparer de 188 collaborateurs - sur 2600 - ces prochains mois en Suisse romande dont 73 dans le canton de Fribourg. Un plan social sera élaboré avec les partenaires sociaux.
Groupe E va revoir l’activité de ses succursales dans le Jura bernois, les cantons du Jura, de Neuchâtel, Vaud, Fribourg et du Valais. L’entreprise justifie: «L’objectif est de garantir la stabilité économique du groupe, préserver sa compétitivité à long terme et améliorer sa profitabilité dès 2026.»
Après une année record en 2023, Groupe E enregistre une légère baisse de son chiffre d’affaires en 2024. Celui-ci atteint 1,05 milliard de francs. Le résultat opérationnel (EBIT) est en recul, s’établissant à 12 millions de francs, contre 18 millions l’année précédente, «notamment en raison des coûts de restructuration liés à l’arrêt des activités de fibre optique et un manque de rentabilité sur les très grands chantiers».
Pour rappel, Groupe E a notamment annoncé l’automne dernier la fermeture de deux sociétés, S. Roubaty SA et FTH Services SA, actives dans la fibre optique, impliquant la suppression de 69 emplois d’ici fin mars 2025.
Pour pouvoir affronter l’évolution du marché et assurer la stabilité économique de l’entreprise, le groupe a mené «une analyse stratégique». «Ses conclusions conduisent aujourd’hui à une restructuration d’envergure visant à rendre la Direction Technique et Infrastructures (DTI) plus agile, à augmenter sa rentabilité et à mieux répondre aux attentes de ses clients».
Le directeur général de DTI, Michel Beaud, quitte son poste, après plus de 30 ans en fonction dans la société. «Il a été décidé d’un commun accord que Michel Beaud quitterait le groupe pour se consacrer dès à présent à de nouveaux projets professionnels», fait savoir cette dernière. Le conseil d'administration a nommé Jacques Mauron pour assurer la direction de DTI jusqu’au recrutement d’un successeur.
«Cette nouvelle organisation, plus flexible et axée sur des activités prometteuses, permettra au groupe de se repositionner durablement», assure Groupe E.
Réagissant à l’annonce de cette décision, le syndicat Unia a dénoncé «une vague de licenciements injustifiée». Elle «est d’autant plus inacceptable que Groupe E s’est illustré ces dernières années par une stratégie expansionniste démesurée et une politique de prix agressive. Il est scandaleux que ce soient aujourd’hui les salarié-e-s qui fassent les frais d’une gestion aussi irresponsable», s’est offusqué Unia dans un communiqué.
Le syndicat ajoute que les collectivités publiques ont une responsabilité directe dans cette situation, les cantons de Fribourg et de Neuchâtel figurant parmi ses actionnaires majoritaires avec notamment une participation de 80% pour le canton de Fribourg. «Ces partenaires publics doivent désormais assumer leurs responsabilités face à ce gâchis social et économique», estime-t-il.
L’entreprise prévoit que la restructuration pèsera sur sa performance en 2025 et table sur une amélioration de sa rentabilité à partir de 2026.
En 2024, elle a vu son chiffre d'affaires se replier de 4% à 1,05 milliard de francs. Son résultat d’exploitation (Ebit) de 12 millions affiche un recul de 6,6 millions par rapport à l’exercice 2023 en raison notamment des coûts de restructuration liés à l’arrêt des activités fibre optique et du manque de rentabilité sur les grands chantiers. «Ce niveau est nettement inférieur aux attentes et nécessite des mesures d’assainissement», souligne-elle.
Le bénéfice net a lui chuté de 11,8% à 85 millions, mais a profité d’une contribution d’EOSH holding à hauteur de 55 millions. Les flux de trésorerie ont plus que doublé (+ 57,4%), s’élevant à 170 millions, «ce qui témoigne de la capacité de Groupe E à financer ses investissements dans la transition énergétique».