Football

Quinze secondes, quinze petites secondes après le coup d’envoi, et déjà Corovic faisait frémir la tribune bondée du Birchhölzli. Pour le coup, le patron de la défense singinoise «séchait» par-derrière, et avec dix mètres d’élan, l’infortuné Nzinga, un tacle de CRS qui avait sans conteste le poids de l’expulsion mais qui est resté étrangement impuni. Déjà, le ton de ce deuxième duel fribourgeois de la saison était donné. De l’engagement, un synthétique détrempé, des buts en rafale et un arbitre fantoche: tout était réuni pour vivre un derby nerveux et spectaculaire. Et il l’a été, quarante-cinq minutes durant. Le temps au SC Guin d’en passer quatre au voisin fribourgeois et de mettre trois points ô combien importants au chaud.

Plié en un quart d’heure

En misant sur les émotions, ce sont les Singinois qui ont posé la trame du duel de samedi. Et ce n’est pas un hasard si l’équipe de Martin Lengen a mieux géré que son adversaire les moments clés de la soirée. Elle était tout simplement prête à se battre sur ce terrain-là. «Entre l’ambiance particulière du derby, l’arbitrage ou le score élevé, il s’est passé énormément de choses. Il faut reconnaître que nous avons parfois perdu les pédales. Comme dans les minutes qui ont suivi le 3-1 (penalty transformé par Adnan Rebronja à la 38e) où nous avons fait les mauvais choix, en forçant l’offensive», regrette l’entraîneur du FC Fribourg Magnus Baeriswyl. «Garder la tête froide, dans un match aussi «chaud» que celui-ci, ce n’est pas toujours facile. De manière générale, nous avons manqué de maîtrise. Les émotions s’enchaînent et le premier réflexe, c’est de s’emballer à notre tour», abonde le défenseur Ludovic Déglise.

Guin a fait la différence en l’espace de quinze minutes, entre la 26e et la 40e, en inscrivant trois buts à l’infortuné Freiburghaus, pas tout blanc sur le 2-1 (lire ci-dessous) mais trop souvent livré à lui-même. Jusque-là, pourtant, Fribourg semblait tenir le choc, si l’on songe au coup de tête de Nzinga sauvé sur sa ligne par Wingeier (19e) alors que le tableau d’affichage était encore figé sur 1-1. Mais le jeu vertical et la vitesse d’exécution des Singinois à la récupération ont fini par avoir raison de la bonne volonté des visiteurs. Et c’est un ancien Pingouin, Sylvain Mora, qui a sonné la charge en ouvrant le score puis en provoquant le penalty du 3-1. Tout sauf un hasard, si l’on considère les qualités de battant et la vélocité ravageuse du bonhomme. «Trois des quatre buts viennent des côtés. Face à un adversaire habile dans la circulation du ballon, nous devions mettre beaucoup de pression sur le porteur et miser sur notre vitesse», souligne Martin Lengen. «L’important, face à ce bon FC Fribourg, c’était la combativité. Et dans ce registre, mon équipe a fait ce qu’elle avait à faire.»

En matière d’efficacité offensive, rien à redire non plus. Guin a fait un sans-faute en première période. A l’exception d’un tir trop écrasé d’Adnan Rebronja seul à douze mètres (13e), les Singinois ont fait trembler les filets à chacune de leurs incursions dans la surface adverse. «Je ne peux pas être satisfait de notre comportement défensif. Mais il faut donner du crédit à notre adversaire. Guin a parfaitement su profiter de nos largesses», reconnaît Magnus Baeriswyl.

Retour sur terre

De largesses, il n’en a plus été question en seconde période. Ni d’un côté, ni de l’autre. Entre un Fribourg maître du jeu mais incapable d’inquiéter Wingeier, et un Guin qui s’est contenté de gérer son avance, les débats ont baissé de deux tons. Retour à la normale après le tumulte du début de soirée.

Avec une marge sur la barre désormais réduite à cinq points, les Pingouins réalisent la mauvaise opération du week-end. «Nous avons raté une belle occasion de prendre un peu d’air», concède Ludovic Déglise. «Cinq points, ce n’est pas grand-chose. D’un autre côté, nous préférons être à notre place qu’à celle des équipes actuellement sous la barre. Nous continuerons à travailler et ce n’est pas cette défaite qui va remettre en cause notre volonté de nous en sortir.» I

Le point Dans le groupe 1

Stade Lausanne-Ouchy solide leader

Lancy - Martigny renvoyé

Oberwallis Naters - Terre Sainte 1-1

Team Vaud M21 - Stade Lausanne-Ouchy 0-2

Bavois - Signal Bernex-Confignon 1-2

La Chaux-de-Fonds - Azzurri Lausanne 4-0

Yverdon - Echallens 3-0

1. Stade Lausanne 21 13 5 3 39-20 44

2. La Chaux-de-Fonds 21 11 5 5 48-21 38

3. Azzurri Lausanne 21 10 6 5 40-24 36

4. Bavois 21 10 5 6 50-35 35

5. Yverdon 21 9 7 5 29-23 34

6. Echallens 21 9 4 8 26-42 31

7. Oberwallis Naters 21 6 8 7 38-34 26

8. Guin 21 7 5 9 37-37 26

9. Fribourg 21 5 10 6 29-27 25

10. Lancy 20 5 9 6 22-29 24

11. Team Vaud M21 21 7 2 12 28-33 23

12. Martigny 20 6 3 11 23-41 21

13. Terre Sainte 21 5 5 11 34-47 20

14. Signal Bernex 21 5 2 14 25-55 17

Télégramme

Guin - Fribourg 4-2 (4-2)

Birchhölzli: 900 spectateurs. Arbitre: Stefano Tonini, qui avertit Nzinga (24e), Bondallaz (25e), Corovic (37e), Mora (61e), Déglise (83e) et Catillaz (84e).

Guin: Wingeier; Gloor, Hartmann, Corovic, Marmier; Brügger (71e Abbatiello), Dino Rebronja; Mora (90e Muala), Catillaz, Schlapbach (68e Colic); Adnan Rebronja. Entraîneur: Martin Lengen.

Fribourg: Freiburghaus; Bondallaz (46e Déglise), Bize (76e Naounou), Ndarugendamwo, Brülhart; Ajoodha (31e Sdiri), Zaugg; Deschenaux, Charrière, Melo; Nzinga. Entraîneur: Magnus Baeriswyl.

Buts: 3e Mora 1-0. 8e Zaugg 1-1. 26e Brügger 2-1. 38e Adnan Rebronja (penalty) 3-1. 40e Schlapbach 4-1. 44e Melo 4-2.

Notes: Guin sans Piller (suspendu), Mutombo (malade), Suter, ni Buntschu (blessés). Fribourg sans Kanté, Neuhaus, Uka, De Graaf, ni Schwarz (blessés). Sortie d’Ajoodha sur blessure (31e).

* * * * *

Coup par coup

La dernière de Fabian Brügger après 12 ans à Guin

Coup de chapeau Il a disputé samedi son dernier derby sous le maillot du SC Guin. Fabian Brügger va s’en aller à la fin de la saison - il est attendu à Plasselb (3e ligue)- après douze ans passés au Birchhölzli, dont onze en première ligue. Le capitaine singinois a fêté l’événement à sa façon, en inscrivant le deuxième but de son équipe. Son coup franc travaillé du droit, un mini-corner, est allé se loger au deuxième poteau, sans intervention d’un tiers. Le gardien du FCF n’a pas bonne mine sur le coup. Mais Brügger, pour l’ensemble de son œuvre, méritait bien cette petite largesse.

Coup de griffe Un coup de sifflet puis un simple rappel à l’ordre verbal. On ne peut pas dire que Corovic a pris cher pour son tacle par-derrière «vintage» sur Nzinga après 15 secondes de jeu. Le scénario de la rencontre aurait sans doute été différent si l’arbitre avait pris d’entrée ses responsabilités et renvoyé le coupable au vestiaire. La scène n’a évidemment pas échappé à un Magnus Baeriswyl songeur. «Je ne cherche pas d’excuse à la défaite. Mais on ne peut pas tolérer qu’un tel geste ne soit pas sanctionné. Même pas un jaune… J’avoue que j’ai de la peine à comprendre.» Dépassé par les événements, le directeur de jeu a par la suite sifflé à l’avenant, avec la même mansuétude et des décisions discutables, d’un côté comme de l’autre. Impuni, le tirage de maillot de Corovic sur Nzinga (19e) - encore eux -, qui a fait passer le chandail de l’attaquant fribourgeois de M à XXL entre l’entrée de la surface singinoise et le point de penalty, laisse penser que Guin ne s’en sort finalement pas si mal.

Coup de projo Disputé sous des trombes d’eau, le derby de samedi a tout de même réuni 900 curieux. La tribune couverte du nouveau Birchhölzli et son confort sans chichi ne sont évidemment pas étrangers à cette affluence honorable. L’occasion de rappeler qu’il n’existe qu’un stade de football dans le canton de Fribourg. Et qu’il est à Guin. ViC

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Guin a su gérer les moments clés

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