Après les trois premiers duels perdus face à Genève-Servette, il est le héros malheureux de cette série. Au-delà de la tempête qu’a déclenchée sa charge contre Daniel Rubin, Julien Sprunger est l’un des joueurs clés de Gottéron qui ne parviennent pas à émerger depuis le début des play-off. Quand la «SBP» tousse, c’est tout Fribourg qui s’enrhume. A quelques heures du match-couperet de ce soir, le capitaine des Dragons s’est prêté au jeu des questions-réponses, en précisant qu’il ne souhaitait pas revenir sur l’incident de samedi dernier.
- Comment le vestiaire vit-il le fait de se retrouver si rapidement dos au mur?
Julien Sprunger: Ce n’est jamais évident d’être menés 3-0 dans une série. Pour l’instant, l’équipe ne trouve pas les clés pour gagner ces matches. Il y a de la frustration, bien sûr. Maintenant, il ne faut pas trop réfléchir et gagner le prochain. L’histoire a montré qu’il est possible de retourner une telle situation. Nous nous accrochons à ça. La défaite de mardi nous a mis un petit coup sur la tête mais les joueurs doivent être les premiers à y croire.
- C’est le discours du capitaine. Est-ce que toute l’équipe partage cette envie?
Je l’espère. J’espère que les 22 joueurs qui seront sur la glace pour l’acte IV se sentiront autant concernés. Nous ne nous sommes pas battus pendant 50 matches de saison régulière pour sortir après quatre rencontres de play-off. Ce serait une grosse déception. Qui plus est, à la maison, devant nos fans.
- Qu’est-ce qui fait la différence jusque-là?
Deux choses. D’abord, le nombre de buts marqués sur les rebonds. Nous le savons: Genève met beaucoup de pucks devant le goal et fait ce qu’il y a à faire pour se créer une deuxième chance. A deux exceptions près, nous avons encaissé tous nos buts sur ce genre d’action. Ensuite, il y a les situations spéciales. Genève a marqué des goals dans ces moments clés.
- Tout ça était archiconnu avant que ne commence la série…
Genève pose des problèmes à tout le monde, depuis des années. Il n’y a pas que Gottéron qui sèche devant cette équation-là. C’est leur jeu, leur force. Sur le papier, Genève n’a pas un effectif qui fait rêver, mais il est composé de joueurs très complets, et qui répondent présents à chaque match. C’est difficile à contrer, même si tu sais exactement ce qu’ils vont tenter de faire. La gestion des rebonds est davantage liée aux comportements individuels des joueurs qu’à la tactique.
- Voilà des années que Genève ne convient pas à la «SBP». C’est une fois encore le cas…
Nous le sentons bien. C’est vraiment frustrant. Nous n’avons plus la même capacité à construire et à porter le puck, ni celle de prendre de la vitesse en partant depuis derrière. Lors des deux premiers actes, nous avons eu 1-2 shoots, pas plus. C’était un peu mieux mardi mais de manière générale, nous n’avons que très peu d’espace sur la glace. Ils nous posent passablement de problèmes, en nous privant de ce qui fait notre force. Pratiquement, sans le puck, c’est difficile de se montrer à notre avantage offensivement.
- Depuis la tribune, on sent les joueurs plus craintifs qu’à l’accoutumée, mal à l’aise. Ça gamberge?
Physiquement, Genève n’est pas le rouleau compresseur qu’il a pu être par le passé. Mais cet adversaire met une forte pression, dédouble sur le porteur du puck, a cette capacité à se déplacer en équipe, alors que de notre côté, il y a trop d’espaces entre les joueurs. Genève joue très bien le coup: rapide, dur mais propre. Ils sont malins et savent d’adapter lorsque nous tentons de les surprendre.
- Mentalement, contre Genève, on aborde le match différemment?
Moralement, ce n’est pas évident lorsque tu vois que tu ne trouves pas la solution. Nous essayons, nous tentons des choses, en espérant trouver la faille. Lors des 30 premières minutes de l’acte II, nous étions partout. Nous leur avons mis énormément de pression, et notre power-play a bien fonctionné. Lorsque Genève est contraint de jouer dans son tiers de défense, on voit qu’il commet aussi des erreurs. Il n’y a pas de solution miracle: nous devons jouer comme ça. Après, c’est difficile de tenir ce rythme pendant 60 minutes. Mais au moins, nous savons ce que nous avons à faire pour les pousser à la faute.