Chronique. Il dit beaucoup de choses, le silence de ces couples qui ne se parlent pas

On a tous eu peur, un jour, d’être ce couple au restaurant. Celui sur notre gauche, assis près de la fenêtre, dont on épie discrètement les silences en prolongeant l’apéritif. Car c’est sans un mot qu’ils engloutissent leur assiette, une entrecôte pour Monsieur, un poisson du lac pour Madame. Ils ne se disent rien, parce qu’ils n’ont rien à se dire, ricane-t-on, aux premières lueurs de notre propre histoire naissante. Une histoire dans laquelle il y a trop à dire, tant à apprendre et plus encore à imaginer. La conversation est naturelle, nos blessures charmantes, comme nous d’ailleurs, charmants, à la sortie du coiffeur ou du pressing.