Le Bâlois avait 16 ans quand, en septembre 1997, il décrochait dans la campagne veveysanne ses premiers points ATP. Le début d’une belle histoire dont Paul Mamassis, le propriétaire des lieux, et l’ancien joueur argentin Agustin Garrizio ont été les témoins. Souvenirs.
9 juillet 2025 à 13:50
Temps de lecture : 4 min
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Durant l’été, La Liberté vous propose de découvrir ou redécouvrir ces étoiles du sport qui ont foulé le sol du canton de Fribourg, ne serait-ce qu’une seule fois. Aujourd’hui, premier épisode: l’avènement de Roger Federer sur les courts de Bossonnens.
La terre battue a fait place à de la moquette, mais les courts résistent tant bien que mal à l’usure du temps, indémodables. Après avoir fait le tour du propriétaire, Paul Mamassis invite à s’arrêter à la buvette du centre sportif qu’il a construit de ses mains, preuve à l’appui. «Là, c’est moi, avec un casque d’ouvrier sur la tête», s’amuse l’octogénaire d’origine grecque en feuilletant des albums exhumés d’on ne sait où, peut-être une armoire dans la remise derrière le bar.
«Yannick Noah, Adriano Panatta, Petr Korda ou encore son fils Sebastian etc.: tous ont joué ici. Stan Wawrinka aussi. Il était sur le No 3, avec son premier entraîneur. Comment s’appelait-il déjà (Dimitri Zavialoff, ndlr)?» s’interroge-t-il avant de tourner le regard en direction des terrains de padel qui font aujourd’hui le succès de l’endroit. «Gaël Monfils s’est entraîné là-bas. C’est un excellent joueur de padel… Bon, vous vouliez parler de Roger Federer, je crois. Vous savez qu’il a gagné ses premiers points ATP chez nous?»
Ancienne No3 mondiale, Gabriella Sabatini aussi est venue dans le canton de Fribourg. Mais en qualité de femme d’affaires.
Roger Federer n’est pas la seule «étoile» du tennis à avoir éclairé le sol fribourgeois, qu’il a encore foulé en 2012, à Forum Fribourg, lors d’une rencontre de Coupe Davis perdue face aux Etats-Unis. En septembre de l’année 1997, quelques jours après les premiers points ATP du Bâlois à Bossonnens (lire ci-dessus), une retraitée de 27 ans nommée Gabriela Sabatini était de passage dans le canton. Non pas sur un court quelconque, mais dans la succursale Sun Store d’Avry-Centre, où la charismatique Argentine, No 3 mondiale à son apogée, faisait la promotion de son parfum.
Représenter sa marque ou celle qui vous fait vivre: sourire du Coq Sportif, Yannick Noah s’est aussi plié à l’exercice, en plein cœur de Fribourg. Quant à Jakob Hlasek, ancien matricule 7 à l’ATP, c’est en qualité de parrain des «Bulle Indoors», tournoi en fauteuil roulant, qu’il s’est prêté au jeu de l’interview, il y a trois ans. Au fil d’une carrière riche de 5 titres en simple et 20 en double, le Zurichois reconverti dans l’immobilier a fait la paire avec Marc Rosset, aux côtés duquel il s’est adjugé Roland-Garros en 1992. Ce que «Kuba» ignore certainement, c’est que son compatriote s’était révélé à l’Open de Marly, trois ans plus tôt. Là, le junior genevois avait manqué d’accrocher le titre, battu par le Chilien Sergio Cortes, dont plus personne ne se souvient. Et pourtant: «Aux balles liftées et aux services «canons» de Marc Rosset, Sergio Cortes a répondu par un subtil revers slicé et un jeu tout en finesse», écrivait, dans La Liberté, Stefano Lurati.
Marly: terreau fertile qui a encore vu l’émergence, en 1993, du Slovaque Karol Kucera, futur No 8 mondial, et celle de George Bastl, vainqueur sur les bords de la Gérine en 1997. Cinq ans plus tard, le Vaudois créait l’une des plus grandes surprises de l’histoire de Wimbledon en éliminant celui qui s’était imposé à sept reprises sur le gazon londonien: Pete Sampras.
PS
Ce n’était pas un canular: Ilie Nastase a disputé un double sur les courts de la halle Pro Tennis à Marly.
A Marly, un pont sépare le Tennis Club de la halle Pro Tennis, où se sont écrites de belles histoires aussi. A commencer par son inauguration, le 1er décembre 1981, en présence de Corrado Barrazutti, un Italien qui occupait la 68e place mondiale après avoir atteint la 5e. Au programme, une exhibition que l’invité de marque – c’est le cas de le dire, puisque la venue du Transalpin aurait été impossible sans Marlboro, son sponsor – avait disputée «la main dans la poche», se souvient Patrick Minster, qui était déjà professeur de tennis. Il l’était encore quand, 30 ans plus tard, un mystérieux coup de téléphone vint troubler la quiétude des lieux. «Une femme, qui se présente comme la secrétaire d’Ilie Nastase, souhaite faire une réservation pour 19 h 30. Elle ajoute qu’il faudrait un 4e joueur, car ils ne seront que trois», raconte Patrick Minster, qui croit d’abord à un canular: que viendrait faire l’homme d’affaires roumain, No 1 à l’ATP en 1973, sur les contreforts de la Crausaz? «Je me suis bien sûr posé la question, reprend le professeur, mais j’ai aussi demandé à mon fils, Yann (ex-27e joueur suisse, ndlr), de passer à l’heure convenue, parce qu’il y aurait peut-être le vrai Nastase…» Le «vrai» Nastase est reparti comme il est arrivé: discrètement. Mais pendant une heure, la halle Pro Tennis a scintillé d’un éclat inattendu.
PS