Election » Historique. Pour la première fois depuis l’entrée en souveraineté du canton du Jura, en 1979, le Parti démocrate-chrétien n’aura plus qu’un représentant au gouvernement, le ministre Martial Courtet. Hier, il a largement échoué dans son opération «reconquête». Déjà distancée de plus de 800 voix à l’issue du premier tour, l’ex-sénatrice Anne Seydoux-Christe a été clairement larguée. Au final, près de 2000 voix (1995 pour être précis) la séparent de la grande gagnante, la socialiste Rosalie Beuret Siess.

La Bruntrutaine l’emporte avec 10 486 suffrages (46,9%), contre 8491 (38%) pour la Delémontaine. Le troisième candidat, l’UDC Romain Schaer, totalise 3379 voix, en net recul par rapport au premier tour, où il avait été crédité de 4657 suffrages. Le PS décroche un second siège et fait basculer l’exécutif vers la gauche (2 PS, 1 PLR, 1 PDC, 1 chrétien-social indépendant). La participation, une nouvelle fois relativement modeste, s’est élevée à 38,94%.

A 41 ans, Rosalie Beuret Siess s’apprête donc à enfiler son costume de ministre. D’ailleurs, avant de pouvoir faire part de son «immense joie et de sa reconnaissance», la désormais ex-conseillère municipale de Porrentruy a dû se plier aux obligations de la photo officielle. Et le 25 mars, elle sera tout aussi officiellement assermentée. Avant cela, elle savoure et met son résultat sur le compte de la «campagne dynamique et engagée» menée par les militants de toute la gauche, fondée sur davantage d’égalité, de justice sociale et de protection de l’environnement.

En tête partout

Lorsqu’on lui fait remarquer que les circonstances lui étaient plutôt favorables, avec son succès au premier tour et le maintien de deux candidats à droite et au centre, elle rétorque: «Pour moi, ce n’était pas évident. Nous nous attendions à des résultats bien plus serrés. En face, il y avait quand même Anne Seydoux-Christe…»

Pour autant, sa victoire ne souffre aucune discussion. Elle termine en tête dans tous les districts et dans toutes les communes importantes. Aux Franches-Montagnes, elle obtient même la majorité absolue, tout comme dans sa ville, Porrentruy. Et même à Delémont, fief de la candidate démocrate-chrétienne, elle a fait la différence.

«Je n’ai pas su mobiliser davantage l’électorat, si bien que nous n’avons pas obtenu le sursaut que nous souhaitions», admet, avec beaucoup de franchise, la candidate démocrate-chrétienne au micro de la radio locale RFJ. Elle partage le constat selon lequel le soutien libéral-radical et l’appel au vote «utile» lancé par le président Pascal Eschmann n’ont pas eu l’effet escompté.

Elle prend un risque

Le contexte de cette élection partielle – provoquée par la démission de Charles Juillard, élu au Conseil des Etats – était un peu particulier. Elle avait lieu six mois avant le renouvellement complet des autorités cantonales, parlement et gouvernement, fixé au 18 octobre. Pour la nouvelle élue, qui remettra son siège en jeu à ce moment-là, c’était «un grand pari». «C’est un risque que j’ai été d’accord de prendre, car l’action gouvernementale m’intéresse. Quant à la question du département, elle devra en débattre avec les autres ministres.»

Les deux candidats vaincus se projettent eux aussi vers l’automne. Anne Seydoux-Christe en appelle à des candidates et des candidats prêts à s’engager pour défendre les idées du centre. L’UDC Romain Schaer, qui a perdu environ 5% des suffrages acquis au premier tour (15,1%), voit dans son résultat, «pas si mauvais» (il l’a également confié à RFJ), une «marque de confiance» de la population et la preuve que «l’UDC a sa place au gouvernement». On devrait donc retrouver un membre de son parti en lice en octobre. ArcInfo

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